VRAIE VS FAUSSE FOURRURE : LAQUELLE EST LA MEILLEURE POUR L'ENVIRONNEMENT ?
On me pose très régulièrement cette question, j'ai donc décidé d'y consacrer un article de blog. Déterminer laquelle de la vraie ou de la fausse fourrure est la meilleure n'est pas une mince affaire, puisqu'il y a pleins d'éléments à prendre en considération, qu'ils soient environnementaux, économiques, sociaux ou éthiques. Dans cet article, je vous présenterai uniquement des considérations environnementales.
Le développement durable
Ce point est incontestable. La fausse fourrure est un produit en plastique dérivé du pétrole, une ressource non-renouvelable, et n'est donc pas, par définition, un produit durable (à moins qu'il ne soit recyclé). Un jour, nous aurons épuisé tout le pétrole et la production de fausse fourrure y aura contribué. La fourrure animale peut être durable car les animaux se reproduisent et créent une matière future. La vraie fourrure est néanmoins durable à condition qu'elle soit issue durablement d'une population sauvage et auto-renouvelable ) ou qu'elle vienne d'une ferme réglementée éthiquement. Cela va sans dire que d'utiliser de la fourrure d'animaux en voie de disparition ou victimes de la surchasse ou de populations sauvages n'est pas durable (par exemple le renard suisse utilisé chez Tallis) ou qu'elle vienne d'une ferme réglementée éthiquement. Cela va sans dire que d'utiliser de la fourrure d'animaux en voie de disparition ou victimes de la surchasse ou de populations sauvages n'est pas durable.
Gaspillage et recyclage
Ici, il y a deux éléments à prendre en compte: la longévité/résistance du produit et le traitement post-consommation.
En ce qui concerne la "destruction". La fourrure est un matériau naturel, biologique et complètement biodégradable, qui aura entièrement disparu en l'espace d'un an. En revanche, il faut entre 20 et 1000 ans à l'acrylique (ce en quoi est faite la fausse fourrure) pour se biodégrader. Des dizaines de milliers de tonnes de vêtements usagés sont envoyés à la décharge chaque année dans le monde et 60% d'entre eux sont à base d'acrylique (on ne parvient à recycler que 15% des déchets textiles).
Cela m'amène à mon second point. Dès qu'un produit en fausse fourrure est fabriqué, il va subsister 1000 ans sur notre planète, la plupart de ce temps dans une décharge (parce qu'il ne sera plus portable après quelques années seulement). Qu'il reste un an ou mille en décharge, le problème reste le même et cela me donne envie de créer des vêtements qui vont être utilisés longtemps avant d'être remplacés. Pour ce faire, il est notamment envisageable d'utiliser des matières résistantes et qui ne se détérioront pas au fil du temps. La vraie fourrure peut avoir une durée de vie de 100 ans si on en prend correctement soin, et on peut la rendre plus moderne en la transformant. Les vêtements devraient aussi pouvoir être versatiles à mon sens: une écharpe qui peut être portée en tant que poncho ou cape aura plus de chance de rester longtemps dans une garde-robe, puisqu'on s'en lassera moins facilement (comme mes tippets).
Pollution
Beaucoup de produits chimiques sont employés dans le tannage de la fourrure (tout comme pour le cuir). Les fabricants devraient respecter des standards environnementaux, mais ils utilisent toujours des produits toxiques, comme le chrome. Une solution pourrait être d'utiliser des tanins végétaux (extraits de l'écorce des arbres), et c'est ce qui commence à se faire dans la production du cuir. La fausse fourrure rencontre un problème similaire à celui de la vraie fourrure, puisque la production des fibres de la fausse fourrure et les traitements subséquents pour l'adoucir créent des sous-produits très peu recommandés à l'échelle industrielle.
Un autre polluant de la fausse fourrure découvert récemment sont les micro-fibres en plastique. Des scientifiques de l'Université de Californie ont découvert qu'à chaque fois qu'ils sont lavés, les vêtements en acrylique libèrent 1'9'00 micro-particules de plastique en moyenne (1,7 grammes), qui finissent dans nos mers et polluent nos océans, avec un impact désastreux sur la faune et la flore marine. Ces micro-particules sont aussi trouvées dans de nombreux cosmétiques et les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, pour n'en citer que trois, ont maintenant prohibé leur emploi.
Réduire, réutiliser, recycler
Que doit-on en conclure? Quelle fourrure est la meilleure pour l'environnement: la vraie ou la fausse? En matière de développement durable, et de gaspillage et de durée de vie, la vraie fourrure est sans aucun doute un meilleur choix pour l'environnement, mais nous devons encore apprendre à utiliser moins de produits chimiques dans le processus. Attention tout de même lorsque vous choisissez la vraie fourrure: faites en sorte qu'elle soit éthique.
Comme toujours, quel que soit votre choix, vous pouvez minimiser votre impact sur l'environnement en appliquant la règle des 3 R: réduire, réutiliser, recycler. Vous pouvez réduire votre consommation en investissant dans des articles de qualité qui dureront, dans des pièces qui resteront dans votre garde-robe pendant des années. Vous pouvez réutiliser ce que vous avez déjà, acheter des articles versatiles et chercher des marques qui sont créatives avec leurs matières. Vous pouvez finalement recycler, donner et "upcycler": en somme, faire en sorte que vos produits restent le plus loin possible des décharges.
- Lilly Milligan Gilbert, Créatrice de Tallis - Genève 18 May 2017